L’association Ibuka Mémoire et Justice a organisé son colloque annuel jeudi 27 mars 2025 au Press Club
Brussels Europe. Sous la thématique « Transmission de la mémoire : analyse des causes profondes et le
déroulement du génocide contre les Tutsi 31 ans après », le colloque a couvert une série de sujets, dont les
origines et causes profondes du génocide des Tutsi au Rwanda, l’abandon des victimes par la communauté
internationale ainsi que le discours négationniste durant les procès post-génocide en Belgique.
Le colloque a également abordé la situation des Tutsi congolais à l’est de la démocratique du Congo ainsi
qu’une l’initiative ‘ la Haine, Je Dis Non’ du Centre Communautaire Laïc Juif (CCLJ) qui fait la promotion de la
lutte contre l’idéologie génocidaire.
Dans son mot d’ouverture, le président d’Ibuka M&J Monsieur Mutabazi Twagira Eugène a rappelé que l’objectif
du colloque est de permettre de se réunir chaque année, une semaine avant la commémoration, pour réfléchir et
discuter des causes et origines du génocide mais surtout des conséquences du génocide. « Avec le temps, nous
constatons que l’histoire se répète. Aujourd’hui, nous allons voir ensemble ce qui se passe et comprendre ce qui
arrive actuellement et le lien avec le passé ».
L’ambassadeur du Rwanda auprès de l’Union européenne, S.E Igor César, a souligné l’obligation de la mémoire
de lutter contre l’oubli et la désinformation. « Aujourd’hui, la mémoire est manipulée et l’histoire est modifiée.
Aujourd’hui, le révisionnisme domine. Ils reconnaissent les faits mais en modifient les détails », a-t-il souligné.
Dans sa communication sur l’analyse des causes profondes et du contexte historique et politique, le ministre de
l’Unité nationale et de l’Engagement civic, Dr Jean Damascène Bizimana, a rappelé le rôle de la colonisation
belge dans la tragédie rwandaise. La tutelle belge n’a pas respecté ses obligations d’accompagner les Rwandais
vers l’autodétermination. Les politiques mises en place ont plutôt privilégié les intérêts belges tout en sapant
l’unité des Rwandais par des mesures qui ont instauré des divisions à l’origine du génocide des Tutsi.
Le sujet de l’abandon des victimes du génocide par la communauté internationale a été abordé lors de la
communication faite par Monsieur Sagaga Ernest, sur base des épisodes clés de la période avant et pendant le
génocide ainsi que la réaction des Nations unies et leur mission au Rwanda, Minuar.
Dans son intervention, le professeur Jean Philippe Schreiber a exposé la propagation de l’idéologie génocidaire
dans les procès d’assises en Belgique, fustigeant l’impact du négationnisme sur le droit des victimes du
génocide des Tutsi.
La problématique de la propagation de l’idéologie génocidaire à l’est de la République démocratique du Congo a
aussi été soulevée pendant le colloque, à travers deux exposés par le politologue Tuza Germain et l’avocat
Bernard Maingain. Le premier s’est focalisé sur le manquait d’intérêt sur les menaces ciblant les Tutsi congolais
à l’est de la RDC, une région stratégique dont l’importance de ses richesses naturelles pour les grandes
puissances prime sur la sécurité de la population Tutsi menacée.
Pour sa part, Me Maingain à la tête d’un collectif d’avocats qui représentent les Tutsi congolais , a dressé « un
étrange parallèle entre la situation des tutsis en 1959 et 1990 quand leurs voix n’étaient pas encore entendus et
celle des Tutsi congolais aujourd’hui». Il a déploré le manque d’action de la part des autorités congolaises
auprès desquelles plusieurs plaintes déposées pour de graves violations des droits humains sont restées sans
suite. Il a également fustigé le silence de la communauté internationale devant la crise majeure à l’est de la RDC
et les risques réels à la sécurité physique des Tutsi congolais.
Pour accéder aux conclusions du colloque, merci de cliquer sur ce lien suivant: