L’association Ibuka Mémoire et Justice a appris par un courriel électronique du protocole de la Chambre des représentants reçu à 15 :08 mercredi 26 mars 2025 l’annulation du colloque annuel d’Ibuka sur « Transmission de la mémoire: Analyser les origines profondes et le déroulement du génocide des Tutsi, 31 ans après » qui devait se tenir pour la quatrième année successive dans la salle Erasme jeudi le 27 mars.
Le message précisait que la Conférence des présidents de partis avait annulé l’événement aux motifs que «les relations diplomatiques entre la Belgique et le Rwanda se sont gravement détériorées. Par ailleurs, il appert (sic) que le programme de votre colloque annuel a été modifié depuis la rupture des relations diplomatiques entre nos deux pays». Moins d’une heure après la réception de cette nouvelle, Ibuka a été informée que la décision de détails qui ne nous ont pas été communiqués circulait déjà sur les réseaux de groupes d’opposants au gouvernement du Rwanda.
Dans la soirée, à 19.53 et par courriel électronique, le bureau de Monsieur Michel de Maegd, député fédéral MR, a fait parvenir à Ibuka sa demande pour le retrait de son nom de la liste des intervenants et de la mention « sous le haut patronage du groupe MR à la Chambre des Représentants » sur le site internet d’Ibuka.
Cette demande était accompagnée d’un communique du député sur les raisons de l’annulation du colloque d’Ibuka, notamment l’affirmation selon laquelle « l’association IBUKA a décidé de modifier unilatéralement le programme de son colloque afin d’y inclure une prise de parole du ministre Rwandais Jean Damascène Bizimana. Prise de parole en parfaite contradiction avec la rupture des liens diplomatiques».
L’association Ibuka Mémoire et Justice tient à clarifier la situation concernant le colloque. Premièrement, notre organisation est une asbl de droit belge dédiée à la défense des intérêt des rescapés et à la préservation de la mémoire des victimes du génocide des Tutsi au Rwanda, en 1994. Elle n’a ni mandat ni vocation à faire de la politique. Par conséquent, Ibuka déplore la décision de la Chambre dans la mesure où elle est de nature à impliquer notre association dans un différend hautement politique entre la Belgique et d’autres pays.
Deuxièmement, pour ce colloque comme tous les précédents, Ibuka prépare de manière indépendante et souveraine les programmes auxquels elle invite librement les personnes en raison de leur connaissance, expérience et expertise aux sujets de débats. D’ailleurs, M. de Maedge reconnait volontiers qu’il « n’a, en revanche, en rien participé à l’organisation de l’événement ». Il n’y a donc pas lieu de charger notre association « de modifier unilatéralement le programme », puisque ce n’est pas notre pratique de partager cette responsabilité avec des personnes en dehors de l’association, fussent-ils les parrains de l’activité.
Troisièmement, le ministre Jean Damascène Bizimana est un habitué de nos colloques, ayant participé à plusieurs comme intervenant sur la mémoire, la justice et la lutte contre le négationnisme dans le contexte du génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda, en 1994. Par ailleurs, Ibuka note que le ministre belge des Affaires étrangères Maxime Prévot a récemment réaffirmé l’engagement de la Belgique pour la lutte contre le négationnisme du génocide des Tutsi et sa collaboration judiciaire, malgré la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda. Il est donc étonnant que la participation par visioconférence du Ministre Bizimana, qui pourtant correspond aux engagements de la Belgique, puisse autant déranger, en l’absence de sanctions à son encontre.
L’association Ibuka a toujours apprécié le soutien de plusieurs parlementaires belges à sa cause, notamment à travers les parrainages pour l’organisation de nos colloque au cours de ces dernières années. Nous renouvelons l’expression de notre gratitude à la Chambre pour sa solidarité et collaboration qui n’ont jamais fait l’objet du moindre doute ni d’amalgame quant à nos mandats respectifs et distincts. Nous regrettons néanmoins qu’à cette occasion, la Chambre ait créée un incident malheureux et qui n’avait simplement pas lieu d’être.
Fin