Ibuka Europe a pris connaissance de la déclaration du Pape François 1er demandant pardon pour les péchés et les manquements de l’Eglise catholique et de ses membres dans le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda. Le Saint-Père a présenté ses excuses lors de sa rencontre avec son Excellence Monsieur Paul Kagame, Président de la République du Rwanda, ce lundi 20 mars 2017.
Nous saluons la solidarité exprimée par le Pape envers les rescapés qui subissent au quotidien des conséquences du génocide.
Le pape François fait un pas dans la direction de la reconnaissance de la responsabilité de l’Eglise catholique en tant qu’institution dans le génocide des Tutsi. Certes l’Eglise n’a pas organisé le génocide, mais elle en porte la responsabilité idéologique et culturelle depuis son installation au Rwanda jusqu’à ce jour.
C’est un courage que nous lui reconnaissons et le remercions. Pour autant, nous invitons le Saint-Père à aller au bout de la démarche, d’abord en demandant pardon directement au peuple rwandais, aux victimes et aux rescapés, au nom de l’Eglise catholique et au nom de l’Etat du Vatican. Ensuite, en prenant un engagement clair et sans ambiguïté pour faciliter la traduction en justice des membres de son clergé impliqués dans le génocide. Un nombre important de ces prêtres et de ces religieux et religieuses, présumés génocidaires, sont protégés depuis vingt-trois ans dans des diocèses et des communautés religieuses se trouvant dans des pays occidentaux : Italie, France, Allemagne, Canada, Suisse, etc.
Ibuka Europe est convaincu que la réconciliation véritable pour rétablir la dignité du peuple rwandais, doit obligatoirement passer par la reconnaissance des responsabilités, dont celle de l’Eglise catholique, par la justice et finalement par la réparation matérielle et symbolique en rapport avec le crime de génocide.
Enfin, Ibuka Europe invite le Saint-Père à avoir une attention très particulière au sein de l’Eglise concernant l’idéologie négationniste qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Nier le génocide perpétré contre les Tutsi par les membres de l’Eglise contribue à perpétuer le crime de génocide, et en même temps, contribue à profaner l’Homme qui a été créé en l’image de Dieu.
Fait à Fribourg, le 22 mars 2017
César Murangira, Président du Collectif Ibuka Europe.